Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Je soutiens le commerce local !

" Commerçants redynamisons le commerce local !"

La crise du petit commerce roubaisien, entre mythe, ressenti et réalités

Publié le 12 Juin 2014 par jesoutienslecommercelocal

L'enseigne est toujours là, délavée par la pluie et le temps qui passe. En juillet 2011, Roubaix perdait sa dernière poissonnerie : faillite. Elle était située à la frontière de Lys-lez-Lannoy. Pour trouver un filet de cabillaud dans cette partie du versant nord-est, il n'y a plus que Leers, Wattrelos... ou les supermarchés. Une illustration des difficultés du petit commerce dénoncées dans la ville ? C'est sans doute plus compliqué.

Le petit commerce est-il moribond ou pire que cela à Roubaix ? Il y a quelques jours, Maria Fontan, figure déchue du commerce roubaisien et responsable d'un groupement censé oeuvrer à son développement, avait une nouvelle fois tiré la sonnette d'alarme. Rue de Lannoy, l'une des deux artères commerçantes de la ville, « plusieurs bouchers-charcutiers sont partis, par manque de sécurité. Combien restent à Roubaix ? » Elle dresse un même constat pour les boulangeries artisanales. Il est vrai que dans l'hypercentre de la ville, pour trouver de la viande fraîche ou du pain, il n'y a que Géant Casino et Paul. Le nombre de petits commerces ne diminue pas forcément. Mais il ne s'agit guère que de sandwicheries plus ou moins élaborées. Pour faire ses courses, hors des grandes surfaces, c'est le néant ou presque. Et pas un choix exceptionnel.

Le phénomène est-il une réalité ? Au service économique de la ville de Roubaix, on n'apporte aucune réponse à ce sujet. L'association Roubaix Côté Commerce ? Elle prétend n'avoir qu'une vision du centre et botte en touche. Nathalie Desfrennes, présidente de Commerces et quartiers, partage, elle, ce constat alarmiste. Dans le centre, c'est le domaine des grands magasins et des franchisés. « On lâche le petit commerce et encore plus dans les quartiers. » Son diagnostic est plus nuancé et précis. Les boucheries « traditionnelles », en clair celles où l'on trouve encore du jambon, ont connu un recul. La raison peut alors tenir à une adaptation du commerce à sa clientèle. Rue de Lannoy ou à l'Épeule, les boucheries ouvertes au halal ne baissent pas le rideau. Voit-on une sorte de pression sur certains commerces ? « Moi je n'en ai jamais eu pour partir. Cela a existé, mais je ne pense pas que ce soit la majorité. On a toujours des échos à ce sujet, mais il faut être prudent. »

Ce à quoi Nathalie Desfrennes fait allusion, c'est à cette boulangerie de l'Épeule, rue des Ogiers. Courant 2010, le commerçant faisait régulièrement l'objet d'intimidations. Début 2011, après des menaces, un incendie était sciemment allumé devant le commerce. Écoeuré, le boulanger, installé depuis trente ans dans le quartier, a jeté l'éponge et quitté Roubaix, dénonçant une « mafia locale. Sous prétexte de violences urbaines, certains tentent de chasser des commerçants pour prendre leur place », affirmait-il à l'époque. Lors du procès de l'incendiaire, le parquet de Lille soulignait « un climat dangereux autour de cette boulangerie ». L'incendiaire a depuis été condamné par la justice. Signe d'un malaise, la mairie avait fait valoir son droit de préemption sur le commerce (comme elle l'avait fait avec d'autres cellules dans ce secteur du haut de la rue de l'Épeule) et un apprenti s'y était installé. Il a depuis mis la clé sous la porte, faute de moyens.

Fin 2009, c'est une boucherie « traditionnelle », installée depuis trente ans rue de Lannoy, qui avait, elle aussi, baissé le rideau, son propriétaire invoquant des intimidations. Les commerçants dénonçaient un environnement hostile, tout en concédant que la clientèle, composée principalement de personnes âgées, ne se renouvelait pas beaucoup. L'illustration de la dualité du phénomène pour le commerce roubaisien : faire face à l'évolution des attentes d'une clientèle locale comme à la pression constatée ailleurs des grandes surfaces.

La crise du petit commerce roubaisien, entre mythe, ressenti et réalités
Commenter cet article