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" Commerçants redynamisons le commerce local !"

Enseignes : Le petit commerce, une espèce en voie de disparition

Publié le 14 Juin 2014 par jesoutienslecommercelocal

«L 'hémorragie est pour l'instant stoppée. » A la Mairie de Paris, le message se veut rassurant. Souvent décrit comme moribond dans la capitale, le commerce de proximité entamerait sa convalescence. De fait, après avoir perdu chaque année 242 boutiques entre 2000 et 2003, Paris a vu s'ouvrir 62 nouveaux commerces en rez-de-chaussée par an entre 2003 et 2005 (1). Cette année-là, on dénombrait précisément 61 766 magasins et un taux de vacance de 10 %. Un dynamisme en partie dû au boom des supérettes : plébiscités par les jeunes actifs urbains pour leurs horaires tardifs et leurs produits tout préparés, une trentaine de Franprix, Ed, G 20 ou Daily Monop' fleurissent chaque année, avec des surfaces comprises entre 120 et 400 mètres carrés.

Du côté des petits commerces indépendants, la situation est plus nuancée. Certes, l'hécatombe de poissonniers, de primeurs ou de crémiers s'est ralentie et le nombre de boulangeries reste stable, mais une vingtaine de bouchers disparaissent encore chaque année. Même chose pour les pressings, les marchands de journaux ou les merceries, remplacés par des centres de bronzage ou des boutiques d'appels téléphoniques. « Les habitudes des clients évoluent. C'est le cas de la consommation de viande, qui diminue partout en France », explique-t-on au cabinet de Lyne Cohen-Solal, l'adjointe de Bertrand Delanoë chargée du commerce. Où l'on met aussi en avant les 96 marchés pour satisfaire les besoins de la clientèle parisienne.

Outre la frilosité des banques, le défi actuel pour le petit commerce parisien concerne les prix de l'immobilier. En dix ans, la valeur locative d'une boutique de la capitale a plus que doublé. A l'exception de quelques sanctuaires comme les rues Montorgueil ou Mouffetard, la plupart des artères commerçantes se peuplent de grandes enseignes, notamment celles du textile (Zara, H&M, Etam...), seules capables de dégager suffisamment de marges pour acquitter de tels loyers. Alors qu'ils ne représentent que 16 % des détaillants parisiens, ces réseaux occupent déjà 25 % de l'espace commercial.

L'heure n'est pourtant pas à la guerre entre grandes enseignes et petits indépendants. « Les enseignes ne sont pas des concurrents, estime Jérôme Boulestreau, un fromager qui préside l'association Le Hameau de Belleville. Nous travaillons dans un même quartier qu'il convient de développer ensemble. Cela m'inquiéterait d'être le seul commerçant de ma rue. » Un avis partagé par Michel Sidlovsky, un vendeur de jeans qui cohabite avec Celio et Gap au sein de l'association des commerçants de la rue du Commerce : « Ces enseignes drainent du monde et il reste de la place pour les idées et modèles originaux des indépendants. »

Le secret de la réussite ? Savoir s'adapter ! Pour un boucher ou un fromager, mieux vaut ainsi miser sur la qualité de ses produits quand les gros font du chiffre. « Avec l'arrivée des surgelés Picard, le boulanger qui continue à faire des petits-fours autrement qu'à la demande n'a rien compris », ajoute Paul Flamant, installé dans le 14e arrondissement. De même, un libraire de quartier a tout intérêt à mettre sur le Web l'état de ses stocks : sûr d'y trouver le livre souhaité, le client n'hésitera plus à faire un crochet par sa boutique.

Ces efforts n'empêchent pas certains quartiers de se vider peu à peu de tout commerce de proximité, au grand dam des habitants. C'est le cas de la rue Montgallet, colonisée par les marchands d'informatique, ou du secteur Sedaine-Popincourt, où règnent les grossistes asiatiques du textile ( voir encadré ). Préemption des boutiques ou plan local d'urbanisme (PLU), la Ville tente de réagir. Adopté en juin 2006, le PLU prévoit, entre autres, la stricte préservation des locaux commerciaux sur 250 kilomètres d'artères commerçantes. Une disposition que le préfet a cependant demandé au tribunal administratif de valider.

A l'inverse, des professionnels ont pointé les désagréments liés aux réaménagements de la circulation.« Les travaux sont toujours difficiles pour le commerce, reconnaît-on à la mairie de Paris. En revanche, dire que la réduction de la circulation automobile a un impact sur le chiffre d'affaires des commerces de proximité ne tient pas debout. Seuls 42 % des foyers parisiens ont une voiture et l'immense majorité ne s'en sert pas pour faire ses courses. » Lilas Mekideche, qui crée des robes de mariée au 20 bis, rue d'Alésia, rejette l'argument. La transformation en 2003 du secteur en quartier vert a détourné les lignes de bus 28 et 38, qui passaient jusque-là devant sa boutique. « Beaucoup de mes clientes, venues de Châtillon ou Montrouge, ont connu mon magasin grâce au bus, sourit la créatrice de 69 ans. Depuis qu'il ne passe plus que le 62, mon activité a presque diminué de moitié. Le quartier est devenu bien calme... »

Enseignes : Le petit commerce, une espèce en voie de disparition
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